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Didier Epzstajn
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Rues, boulevards, avenues et places, sans oublier collèges, lycées, statues et monuments parisiens, sont autant de témoins de l'histoire et de la légende du colonialisme français.
Alors qu'aux États-Unis, poussées par les mani- festant-es, les statues des généraux esclavagistes s'ap- prêtent à quitter les rues pour gagner les musées, ce guide invite à une flânerie bien particulière sur le bi- tume parisien.
Sur les quelque 5 000 artères et places parisiennes, elles sont plus de 200 à « parler colonial ». Qui se cachent derrière ces noms, pour la plupart inconnus de nos contemporains ? C'est ce que révèle ce livre, attentif au fait que ces rues ont été baptisées ainsi pour faire la leçon au peuple de Paris et lui inculquer une certaine mémoire historique.
On n'y retrouve pas uniquement les officiers ayant fait leurs classes « aux colonies ». Il y a aussi des « ex- plorateurs » - souvent officiers de marine en « mis- sion » -, des bâtisseurs, des ministres et des députés.
On croise également des littérateurs, des savants, des industriels, des banquiers, des « aventuriers ».
Laissons-nous guider, par exemple, dans le 12 e ar- rondissement. Le regard se porte inévitablement sur le bâtiment de la Cité de l'histoire de l'immigration, l'ancien Musée des colonies construit en 1931 pour l'Exposition coloniale qui fut l'occasion d'honorer les agents du colonialisme et d'humilier ses victimes.
Les alentours portent la marque de l'Empire co- lonial : rues et voies ont reçu le nom de ces « héros coloniaux » qui ont conquis à la pointe de l'épée des territoires immenses.
GUIDE DU PARIS COLONIAL ET DES BANLIEUES Éditions Syllepse Mois de sortie : Janvier Mots clés : Paris, Colonialisme Points forts : Un guide de Paris sans équivalent Collection : Arguments et mouvements Rayon : Guide ISBN : 978-2-84950-659-2 Prix : 8 € Format : 115x190 Nombre de pages : 100 Les alentours de l'École militaire sont également un lieu de mémoire très particulier, très « imprégné » de la culture coloniale.
Dans le 16 e , nous avons une avenue Bugeaud : Ma- réchal de France, gouverneur de l'Algérie, il pratique la terre brûlée et les « enfumades ». Il recommande d'in- cendier les villages, de détruire les récoltes et les trou- peaux, « d'empêcher les Arabes de semer, de récolter, de pâ- turer ». Il faut, ordonne-t-il, « allez tous les ans leur brûler leurs récoltes », ou les « exterminer jusqu'au dernier ». S'ils se réfugient dans leurs cavernes, « fumez-les à outrance comme des renards ».
Un peu partout, dispersées dans la capitale, on traverse des rues et des avenues dont les noms qui, tout en ayant l'apparence de la neutralité d'un guide touristique, sont autant de points de la cartographie coloniale : rues de Constantine, de Kabylie, de Tahiti, du Tonkin, du Dahomey, de Pondichéry, de la Guade- loupe... Toutes célèbrent des conquêtes et des rapines coloniales que rappellent la nomenclature des rues de Paris.
Classés par arrondissement, les notices fournissent des éléments biographiques sur les personnages concernés, particulièrement sur leurs états de service dans les colonies. Des itinéraires de promenade sont proposés qui nous emmènent au travers des plaques bleues de nos rues en Guadeloupe et en Haïti, en Afrique, au Sahara, au Maroc, en Tunisie, en Algérie, en Nouvelle-Calédonie, en Indochine, à Tahiti, etc.
Un livre qui se veut un outil pour un mouvement de décolonisation des cartographies des villes et qui propose un voyage (presque) immobile dans la mé- moire coloniale de Paris.