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Œuvres classiques
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«De grands écrivains, George Sand en particulier, ne sont ce qu'ils sont que pour avoir jalousement préservé, dans un coin de leur âme, malgré les pourritures de la maturité, les grâces exquises de leur enfance ou de leur adolescence, c'est-à-dire ces rêves azuréens d'avenir dont ils ont enchanté un présent noir ou gris. Le miracle de La Mare au diable, n'est-ce pas cela ? À la faveur d'un souvenir ancien, c'est le rêve évangélique d'une pureté d'adolescente possédant, avec le respect de soi, le besoin de servir et d'aimer, la vraie noblesse et la vraie distinction - qui vient, après tant de calamités et, peut-être, de noirceurs, promettre le salut à cette femme de lettres, qu'on avait nommée Aurore.»Pierre Reboul.
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Fusionnels depuis leur naissance, les jumeaux Landry et Sylvinet sont brutalement séparés à l'adolescence, lorsque Landry part travailler dans la ferme du père Caillaux. Abattu par la maladie et la jalousie, croyant son frère heureux sans lui, Sylvinet disparaît un jour sans prévenir personne. C'est en partant à sa recherche que Landry fait la rencontre de la jeune Fanchon. Dans le pays superstitieux du Berry, où l'on croit aux sorcières et aux farfadets, cette fille à l'allure farouche et à l'esprit libre effraie les villageois, qui la rejettent. Mais, très vite, l'amour qui naît entre Landry et la Petite Fadette efface un à un tous les préjugés. Dans ce récit lumineux de l'éveil à l'amour, George Sand brosse le portrait d'une héroïne pleine de fierté et fait l'éloge des joies simples, explorant la nature comme elle explore le langage.
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Années 1620, dans le Berry. Tandis que la province est traversée par les derniers soubresauts des guerres de Religion, le vieux marquis de Bois-Doré, ancien compagnon d'armes du «bon roi» Henri IV, tente de vivre comme dans un roman pastoral : il se rêve en nouveau héros de L'Astrée. Mais la grande histoire s'insinue bientôt dans son monde enchanté, sous le visage d'un Espagnol fanatique, d'une Morisque convertie de force et fuyant son pays, d'un disciple de Giordano Bruno torturé et exilé, d'une petite bohémienne exhibée comme diseuse de bonne aventure et d'un orphelin à la recherche du meurtrier de son père... Dans Les Beaux Messieurs de Bois-Doré (1857), la fiction historique, entre feuilleton mélodramatique, récit d'apprentissage et roman de cape et d'épée, se fait traité de tolérance.
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Au seuil de sa vie, Bernard de Mauprat raconte l'amour. Celui qu'il a éprouvé pour sa cousine Edmée, la seule femme de sa vie, l'amour que celle-ci lui a donné et les épreuves qu'elle lui a fait subir avant de l'accepter pour époux. Mauprat est un roman d'éducation au sens plein du terme, puisque le jeune Bernard, séquestré par ces sortes de loups que sont ses oncles, ne sait même pas lire. George Sand profite de ce personnage exemplaire pour nous faire découvrir les multiples facettes de la parole humaine, à laquelle s'oppose plaisamment le petit chien de Marcasse, «muet de naissance», qui ne daigne pas aboyer... Du récit au plaidoyer, de la promesse à l'aveu, tous les types de discours, toutes les façons de communiquer figurent dans Mauprat. Dans ce roman, dont l'action se situe dans le Berry de la fin du XVIIIe siècle - et qui est plus une fable philosophique qu'un roman historique -, le récit nous fait sortir de la nuit féodale et nous emmène, à travers un détour par la guerre de libération des États-Unis, au seuil d'une modernité moins injuste. Mauprat est un roman optimiste et profondément rousseauiste.
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À soixante-huit ans, George Sand invente, pour amuser et instruire ses petites-filles, une dizaine de contes merveilleux. Au dire de la grand-mère, la nature est un monde peuplé d'esprits, dans lequel, secrètement, les montagnes s'animent (Le Géant Yéous), les nuages chantent (Le Nuage rose), les grenouilles et les fleurs conversent (La Reine Coax, Ce que disent les fleurs)... Même les statues et les tableaux, dans Le Château de Pictordu, prennent vie. Autant de faits extraordinaires dont seuls les enfants, véritables héros de ces contes d'apprentissage, peuvent être témoins...
Dernier ouvrage publié du vivant de George Sand, les Contes d'une grand-mère (1873-1876) manifestent la vitalité sans faille de cet écrivain. Par-delà l'enseignement transmis aux enfants, c'est sa philosophie qu'elle dévoile à la veille de sa mort : voir, entendre, comprendre, aussi loin que possible.
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En 1834, George Sand entame un périple de trois ans à travers l'Italie, la France et la Suisse. De la correspondance qu'elle entretient alors avec ses proches - Alfred de Musset, Franz Liszt, Rollinat... - naîtront les Lettres d'un voyageur. De «Venise la rouge», avec son petit peuple, à la vallée de Chamonix, en passant par le château de Valençay, l'évocation pittoresque des lieux s'entremêle à des réflexions de tout ordre. Diatribe contre Talleyrand, excursion dans l'oeuvre de Lavater, biographie fantaisiste de son vieil ami Jules Néraud, dit «le Malgache», récit au jour le jour de ses espoirs et de ses désillusions... Nombreuses sont les surprises que l'auteur réserve à ceux qui s'aventurent dans les confidences de ses lettres. Plus que les paysages, c'est son âme que George Sand peint ici : «Ne lis jamais mes lettres avec l'intention d'y apprendre la moindre chose sur les objets extérieurs : je vois tout au travers de mes impressions personnelles.»
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«Moi, j'avais l'idéal logé dans un coin de ma cervelle, et il ne me fallait que quelques jours d'entière liberté pour le faire éclore. Je le portais dans la rue, les pieds sur le verglas, les épaules couvertes de neige, les mains dans mes poches, l'estomac un peu creux quelquefois, mais la tête d'autant plus remplie de songes, de mélodies, de couleurs, de formes, de rayons et de fantômes. Je n'étais plus une dame, je n'étais pas non plus un monsieur. On me poussait sur le trottoir comme une chose qui pouvait gêner les passants affairés. Cela m'était bien égal, à moi qui n'avais aucune affaire. On ne me connaissait pas, on ne me regardait pas, on ne me reprenait pas ; j'étais un atome perdu dans cette immense foule.» (Histoire de ma vie, IV, 14) Entreprise en 1847, publiée en 1854-1855, Histoire de ma vie est l'autobiographie de George Sand. Cette édition reprend près des trois quarts du texte original en privilégiant le récit continu de la vie de l'auteur.