Paleo
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Quand j'ai commencé, par la Mare au Diable, une série de romans champêtres, que je me proposais de réunir sous le titre de Veillées du Chanvreur, je n'ai eu aucun système, aucune prétention révolutionnaire en littérature.
Personne ne fait une révolution à soi tout seul, et il en est, surtout dans les arts, que l'humanité accomplit sans trop savoir comment, parce que c'est tout le monde qui s'en charge. Mais ceci n'est pas applicable au roman de moeurs rustiques : il a existé de tout temps et sous toutes les formes, tantôt pompeuses, tantôt maniérées, tantôt naïves. Je l'ai dit, et dois le répéter ici, le rêve de la vie champêtre a été de tout temps l'idéal des villes et même celui des cours.
Je n'ai rien fait de neuf en suivant la pente qui ramène l'homme civilisé aux charmes de la vie primitive. Je n'ai voulu ni faire une nouvelle langue, ni me chercher une nouvelle manière.
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" pauline était vêtue de brun avec une petite collerette d'un blanc scrupuleux et d'une égalité de plis vraiment monastique.
Ses beaux cheveux châtains étaient lissés sur ses tempes avec un soin affecté ; elle se livrait à un ouvrage classique, ennuyeux, odieux à toute organisation pensante : elle faisait de très petits points réguliers avec une aiguille imperceptible sur un morceau de batiste dont elle comptait la trame fil à fil. la vie de la grande moitié des femmes se consume, en france, à cette solennelle occupation.
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Alors que M. Flochardet ramène de pension sa fille unique de huit ans, Diane, un accident sans gravité les contraint à passer une nuit au château de Pictordu, abandonné et en partie en ruines. Ce lieu a la réputation d'être hanté : est-il vraiment gardé par la mystérieuse «Dame au voile», dont Diane croit avoir entendu l'invitation à entrer après l'accident?
Un conte enchanteur, un merveilleux portrait d'enfant par l'auteur de La petite Fadette.
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Berry, début du XIXe siècle. Landry et Sylvinet sont jumeaux. Ils s'adorent et à quinze ans n'ont jamais été séparés. Pourtant Landry doit aller travailler à la ferme voisine. Et il tombe amoureux de Fadette que tout le village considère comme un peu sorcière. Landry et Fadette parviendront-ils à vivre leur amour au grand jour malgré les préjugés des paysans et la jalousie de Sylvinet ?
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C'est à Venise que j'ai rêvé et écrit ce roman.
J'habitais une petite maison basse, le long d'une étroite rue d'eau verte, et pourtant limpide, tout à côté du petit pont dei Barcaroli. Je ne voyais, je ne connaissais, je ne voulais voir et connaître quasi personne. J'écrivais beaucoup, j'avais de longs et paisibles loisirs, je venais d'écrire Jacques dans cette même petite maison. J'en étais attristée. J'avais dessein de fixer ma vie alternativement en France et à Venise.
Si mes enfants eussent été en âge de me suivre à Venise, je crois que j'y eusse fait un établissement définitif, car, nulle part, je n'avais trouvé une vie aussi calme, aussi studieuse, aussi complètement ignorée. Et cependant, après six mois de cette vie, je commençais à ressentir une sorte de nostalgie dont je ne voulais pas convenir avec moi-même. Cette nostalgie se traduisit pour moi par le roman d'André.
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Un champi, c'est un enfant abandonné dans un champ. Un champi suscite la crainte et la méfiance des paysans. Un champi a mauvaise réputation. François est un champi élevé par sa nourrice Zabelle. Mais Cadet Blanchet, le meunier chez qui elle loge, l'oblige à s'en séparer. Le jeune garçon est alors recueilli par Madeleine, une femme au grand coeur qui n'est autre que l'épouse de... Cadet Blanchet. Avec l'aide de Zabelle, elle le nourrit et l'instruit en cachette. Petit à petit, une relation particulière va unir François à sa mère adoptive.
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Dans le « Trou-d'Enfer » de la Ville noire, les usines de coutellerie et de papeterie dévorent le prolétariat dans un vacarme assourdissant. Mais un ouvrier habile et intelligent peut espérer quitter la fournaise de la vallée pour gagner la ville haute, là où la bourgeoisie coule des jours plus heureux. C'est le cas d'Étienne Lavoute, dit Sept-Épées, orgueilleux travailleur qui rêve de s'accomplir loin de la servitude des hauts-fourneaux. Mais l'amour qu'il porte à Tonine est un frein à son ambition car la jeune ouvrière n'a qu'un désir : soulager la misère que l'industrie locale impose aux hommes. Entre l'amour de cette femme et son désir de réussite, Sept-Épées fera-t-il le bon choix ?
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Né du drame de 48, les maîtres sonneurs est celui des romans champêtres qui évoque avec le plus d'ampleur les trésors des sociétés rurales, leurs croyances occultes, leurs rites d'initiation, leurs traditions secrètes.
Deux pays, deux cultures : le berry et le bourbonnais, le chêne et l'épi, la plaine et la forêt. ici la sagesse des paysans de la vallée noire, là, les " bûcheux " et les muletiers de combrailles, le don de l'imaginaire et le risque du rêve.
Roman de l'une de ces corporations itinérantes, celles des joueurs de cornemuse, jadis constituées en associations quasi maçonniques, les maîtres sonneurs disent aussi l'histoire d'un pauvre enfant du plat pays, joset l' " ébervigé ", l'idiot dont la musique des sonneurs de la forêt fera un elu, l'incarnation même du génie populaire.
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Ce roman (1833) est inspiré, moins par la vie que par la personne de george sand.
L'héroïne est une femme d'action, mais dévorée du démon de l'analyse, et dont le charme opère sur bien des hommes : le poète sténio (on songe à musset), l'ancien aventurier converti, trenmor, l'ermite magnus. lélia cherche la paix en devenant l'abbesse d'un couvent. sténio l'y retrouve et c'est le drame. george sand distinguait elle-même dans son livre une question psychologique, une question sociale (la femme dans la société), la poésie des personnages, le style qui traduit cette poésie.
Lélia, ajoutait-elle, signifie la déception, la souffrance, le coeur défiant et desséché, le désespoir. - sténio signifie l'espérance, la confiance dans l'avenir, l'amour. l'auteur apporte une philosophie, celle du désespoir lucide, au service d'un grand livre.
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À soixante-huit ans, George Sand invente, pour amuser et instruire ses petites-filles, une dizaine de contes merveilleux. Au dire de la grand-mère, la nature est un monde peuplé d'esprits, dans lequel, secrètement, les montagnes s'animent (Le Géant Yéous), les nuages chantent (Le Nuage rose), les grenouilles et les fleurs conversent (La Reine Coax, Ce que disent les fleurs)... Même les statues et les tableaux, dans Le Château de Pictordu, prennent vie... Autant de voix que seuls les enfants, véritables héros de ces contes d'apprentissage, peuvent entendre : Emmi, le petit gardeur de cochon qui un jour disparaît après s'être approché d'un arbre réputé maléfique (Le Chêne parlant) ; ou encore le craintif Clopinet qui, fuyant son ogre de patron, finit par prendre son envol en se changeant en oiseau (Les Ailes de courage)...
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Edition enrichie (Préface, notes, dossier sur l'oeuvre, chronologie et bibliographie)En 1823, le comte de Villepreux, qui souhaite restaurer les boiseries de sa chapelle, engage le père Huguenin et son fils Pierre, qui vient tout juste d´achever son Tour de France. A peine les travaux commencés, le vieux menuisier se blesse et, pour le remplacer, Pierre part chercher un de ses compagnons : son ami Amaury le Corinthien qui, comme lui, rêve d´un monde fraternel et fondé sur l´égalité. Mais justement, ce n´est qu´un rêve, et quand Pierre s´éprendra d´Yseult de Villepreux, il découvrira que le libéralisme du comte est un leurre.
En 1840, lorsque George Sand fait paraître Le Compagnon du Tour de France, l´histoire dont elle fait le récit et qui se déroule près de vingt ans plus tôt est rétrospectivement marquée du désenchantement que les attentes déçues de la révolution de 1830 ont fait naître.
Et cependant, ce roman socialiste, qui doit beaucoup aux idées de l´utopiste Pierre Leroux et au Livre du compagnonnage d´Agricol Perdiguier, ce roman est celui de l´espérance. Il se peut que Pierre Huguenin connaisse la mélancolie : il la dépasse dans un rêve prophétique qui nous donne à comprendre que pour la romancière aussi l´Histoire est perfectible.
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L'édition présente se concentre donc sur les récits de George Sand concernant sa philosophie, la nature, l'art et ses idées politiques. Il est intéressant de noter que pour l'écrivaine, tous ces feuilletons constituent une série. De fait, le fil conducteur en est sa métaphysique, car de celle-ci dépend tout le reste. Dans " Impressions et souvenirs ", George Sand s'abandonne librement et dans cet ultime dialogue avec le lecteur, quelques années avant sa mort (le 8 juin 1876), heureuse de s'essayer à ce nouveau genre. Sand fait le point sur ce qui lui tient à coeur. Il y a là quelques pages de toute beauté.
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En 1834, George Sand entame un périple de trois ans à travers l'Italie, la France et la Suisse. De la correspondance qu'elle entretient alors avec ses proches - Alfred de Musset, Franz Liszt, Rollinat... - naîtront les Lettres d'un voyageur. De «Venise la rouge», avec son petit peuple, à la vallée de Chamonix, en passant par le château de Valençay, l'évocation pittoresque des lieux s'entremêle à des réflexions de tout ordre. Diatribe contre Talleyrand, excursion dans l'oeuvre de Lavater, biographie fantaisiste de son vieil ami Jules Néraud, dit «le Malgache», récit au jour le jour de ses espoirs et de ses désillusions... Nombreuses sont les surprises que l'auteur réserve à ceux qui s'aventurent dans les confidences de ses lettres. Plus que les paysages, c'est son âme que George Sand peint ici: «Ne lis jamais mes lettres avec l'intention d'y apprendre la moindre chose sur les objets extérieurs: je vois tout au travers de mes impressions personnelles.»Présentation, chronologie et bibliographie par Henri Bonnet
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Marianne était une demoiselle de campagne, propriétaire d'une bonne métairie, rapportant environ cinq mille francs, ce qui représentait dans le pays un capital de deux cent mille. C'était relativement un bon parti, et pourtant elle avait déjà vingt-cinq ans et n'avait point trouvé à se marier. On la disait trop difficile et portée à l'originalité, défaut plus inquiétant qu'un vice aux yeux des gens de son entourage. On lui reprochait d'aimer la solitude, et on ne s'expliquait pas qu'orpheline à vingt-deux ans, elle eût refusé l'offre de ses parents de la ville, un oncle et deux tantes, sans parler de deux ou trois cousines, qui eussent désiré la prendre en pension et la produire dans le monde, où elle eût rencontré l'occasion d'un bon établissement.
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J'ai tâché, sous la forme du roman, de faire ressortir quelques-unes des causes qui jettent les esprits droits et les coeurs aimants dans une autre voie que celle du parti clérical. Ces causes sont si nombreuses, que nous avons dû choisir les plus saillantes, celles qui intéressent la vie privée jusqu'à l'évidence, celles qui, par conséquent, rentrent tellement dans l'étude de nos moeurs, qu'en s'abstenant d'aborder ces causes on s'abstiendrait. Volontairement de peindre les moeurs [...].
Mais, quel que soit l'accueil fait à ce livre, il est de ceux qu'il faut faire au risque d'être mal accueilli du grand nombre. Il est de ceux qui irritent beaucoup de personnes et qui en calment beaucoup d'autres. S'il ébranle des convictions, il en raffermit, et, quel que soit son mérite ou son impuissance, il est de ceux qui restent comme symptômes historiques, appréciations du présent ou appels à l'avenir.
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Cette vierge gauloise, ce type d'Holbein, ou de Jeanne d'Arc ignorée, qui se confondaient dans ma pensée, j'essayai d'en faire une création développée et complète.
Mais où la trouver dans la société moderne ? Je crus ne pouvoir la trouver qu'aux champs, pas même aux champs, au désert, sur une lande inculte, sur une terre primitive qui porte les stigmates mystérieuses de notre plus antique civilisation. Ces coins sacrés où la charrue n'a jamais passé, où la nature est sauvage, grandiose ou morne, où la tradition est encore debout, ou l'homme semble avoir conservé son type gaulois et ses croyances fantastiques, ne sont pas aussi rares en France qu'on devrait le croire après tant de révolutions, de travaux et de découvertes.
Quand on se trouve dans une de ces solitudes où semble régner le sauvage génie du passé, cette pensée banale vient à tout le monde ; "On se croirait ici à deux mille lieues des villes et de la société." On pourrait dire aussi bien qu'on s'y sent à deux mille ans de la vie actuelle.
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