Hollywood, années 50. Au coeur de l'usine à rêves du cinéma, l'immense actrice Betty Pennyway est victime d'un crime sans précédent et particulièrement abominable. L'affaire fait la Une de toute la presse et l'Amérique entière est en émoi. La police de l'état fait appel au peu orthodoxe inspecteur Hernie Baxter pour mener cette délicate enquête qui secoue tout le petit monde du 7ème Art.
Moon River est un polar noir, poisseux et angoissant, au suspense insoutenable, dont on découvre seulement à la page 12 que le coupable est l'acteur qui joue avec Betty Pennyway.
Inutile d'insister, il est trop rapide... Il se tape sur la fesse plus fort que nous... Il nous a échappé.
Il ne nous reste plus qu'à placarder des avis de recherches avec son portrait dans tous le pays !
Est-ce que quelqu'un ici sait dessiner ?
Nous avons quasi tous un ami qui nous a dit un jour « Ça fait des années que j'écris un scénario pour le cinéma ».
Et si, après sa mort, c'était tout ce qu'il nous restait de lui, un scénario mal écrit ?
Après le décès d'Henri, leur ami d'enfance, Anne et Fred découvrent le scénario dont il parlait tant. Une histoire mal écrite, frôlant la série Z et flirtant avec du porno ringard. Les deux protagonistes décident malgré tout, en mémoire de leur ami défunt, de tourner le nanar.
Ce sera « Les aventures d'Adrix le Destructeur, l'Empereur des 9 Galaxies ».
Élise, la compagne de Fred, a du mal à accepter que son cher et tendre devienne le héros de ce film digne des plus mauvais films de sexploitation italiens des années 60. Il n'est pas facile de laisser sa moitié tourner dans un film de SF porno... même par amour.
Fred est cheminot. De nature discrète, le film qu'il réalise avec Anne est l'occasion d'être sur le devant de la scène, une première pour lui, si introverti.
Anne travaille comme monteuse sur des documentaires animaliers. C'est donc logiquement qu'elle pense être la bonne personne pour prendre le projet du film en main.
Élise, institutrice en plein questionnement sur son couple, bien que bienveillante envers l'hommage à leur ami commun Henri, supporte mal les déboires qu'occasionne le tournage.
Entre tournage catastrophique, problème de financement, désaccords artistiques, tensions amoureuses... À quoi pourra bien ressembler le film à la fin ?
Au delà de l'aventure artistique, moment inattendu pour sortir de leur routine habituelle, c'est bien un travail de deuil qui s'amorce en toile de fond des préparatifs. Henri, l'ami un peu excentrique qui nouait leur petit groupe autour du cinéma B, devient à la fois trop présent et cruellement absent, pendant que s'enchaînent les galères d'un tournage fauché.
Antoine Bréda, en amoureux des séries Z et autres films alternatifs des années 60 et 70, nous plonge dans les périples du cinéma amateur : tournage sauvage, rencontres inquiétantes, imprévus coûteux... Mais il n'oublie pas au passage de rendre hommage au cinéma qu'il affectionne tant, avec ses personnages improbables et ses couleurs chatoyantes des pulps italiens. On navigue au gré des scènes entre le présent douloureux des personnages réels et l'hilarante absurdité des héros de pellicule.
Hugo, 23 ans, doit écrire un mémoire dans le cadre de ses études de cinéma. il s'isole, le temps d'un été, dans la maison de vacances familiale située sur la Côte d'Azur.
Du mémoire, il a déjà le titre, un début de problématique, mais c'est un peu léger pour l'instant et ça commence à devenir angoissant... C'est la panne, le syndrome de la page blanche, la léthargie totale. Pourtant il ne manque pas de réflexions brillantes sur son sujet : « La tradition orale dans le cinéma d'Emir Kusturica ». Hugo a vu tous les films, il a tout en tête, mais rien ne vient. Suite à de nombreuses journées de ruminations et de désespoir, Hugo s'autorise une sortie à la plage.
Le croirez-vous s'il raconte qu'il tombe nez à nez avec Emir Kusturica lui-même ? Cette rencontre improbable va chambouler son été, déconstruire ses certitudes et façonner la rédaction chaotique de ce fichu mémoire.
À l'occasion de la grande exposition retrospective sur Fabcaro prévue à la Cité Internationale de la Bande Dessinée et de l'Image d'Angoulême, du 13 juillet 2022 à janvier 2023, 6 Pieds sous terre publie, en co-édition avec la Cité, le catalogue Fabcaro sur la colline. Cet ouvrage monographique propose études, analyses, inédits, interventions d'auteurs (Gilles Rochier, Emilie Gleason), images et biographie de Fabcaro. Des inédits, des objets du quotidien, des sources d'inspiration, l'analyse de ses thématiques, des interviews, c'est tout le parcours singulier de l'auteur de Zaï zaï zaï zaï qui sera scruté pour établir tant son portrait que son cheminement artistique.
Dans le monde dans lequel Camille a grandi, les Moaïs n'encombrent plus les rues. Une vaste révolution des moeurs a permis à l'État et à la société civile de s'attaquer à ce problème. La calcification, cette mystérieuse maladie qui transforme certains hommes en statue de pierre, populairement appelées Moaïs, est enfin traitée. On tente de soigner ceux qui peuvent encore l'être dans de vastes dispensaires d'un genre nouveau. Le père de Camille et Aniel est l'un d'eux.
Aniel, le grand frère de Camille, est l'un des premiers porte-étendards de cette nouvelle génération d'hommes que le mal ne semble plus toucher. À peine adulte il s'est engagé pour le "Grand Déblaiement Moaï" et travaille maintenant dans un des dispensaires accueillant les derniers malades.
Depuis peu, Camille n'a plus de nouvelles de lui, il décide de partir à sa recherche et, à son tour, de participer au grand déblaiement.
Dans un monde médiéval hostile où sévit une implacable chasse aux sorcières, le jeune Georg aide Ongle et Pluie, deux étranges jeunes filles au passé traumatique, à fuir le Sanctuaire, une prison de l'inquisition. Dotées de pouvoirs effrayants pour le commun des mortels et bien incapables d'expliquer leurs origines, ni même qui elles sont, Ongle et Pluie, accompagnées de Georg, se lancent dans une errance désespérée à travers le pays.
Où trouver cependant un lieu sûr, dans ce monde qui veut leur mort ? D'autant qu'un implacable inquisiteur, surnommé Le Mage, est sur leurs traces et semble capable de les trouver jusque dans leur rêves. Recevront-iels l'aide de cette étrange voix venue des tréfonds de la forêt dans laquelle iels s'enfoncent inexorablement ?
Sonia cherche le grand Amour, Pierre cherche un emploi, un auteur cherche un scenario pour sa bande dessinée... À moins que tout ceci ne soit le fruit de la confusion d'un auteur au bord de la dépression qui a du mal à se dépêtrer de personnages aussi perdus que lui...
Fabcaro dresse sur un court laps de temps (24 heures) les portraits croisés de représentants d'une génération en mal de repères, sur un mode humoristique expérimental et plein de non-sens. On peut penser aux séquences des sketches des Monty Pythons tant le quotidien des multiples personnages s'entrechoquent avec un humour absurde qui fait mouche toutes les trois cases, moyenne du laps de temps accordé à chaque séquence.
Renata est une jeune fille mal dans sa peau. Depuis quelques temps, elle ressent d'étranges frissons qui se révèlent être une sorte de pouvoir : elle pressent les menaces. Malgré ce don, elle n'a pas pu prévenir le vol de son ordinateur. Au hasard d'une soirée, elle retrouve les voleurs mais les deux compères ne lui rendent pas de suite son précieux bien : commence alors à se tisser une relation étrange entre eux, mélangée de chantage et de mise en confiance. Une aventure entre marginaux qui, chacun à leur manière, cherchent leur place.
Comme un frisson a la puissance ultraviolente de la jeunesse, que ce soit dans sa révolte, ses travers, doutes et peurs, ou dans sa capacité à faire face et acquérir son autonomie, quitte à puiser au plus profond d'elle-même.
«Ta mère la pute !". Une insulte de cour de récré qui, parfois, cachait une triste réalité. Gilles Rochier poursuit le travail amorcé dans Temps mort, et regarde de nouveau son quartier.
TMLP est un livre poignant pour le témoignage qu'il apporte, mais si c'est un grand livre c'est avant tout parce que Gilles Rochier sait raconter les choses. Peu d'auteurs savent à ce point utiliser l'espace de la bande dessinée. Il raconte, sans avoir l'air de rien et la fluidité est permanente, accentué par un dessin adouci grâce à une douce bichromie. TMLP parle de misère, de jeux d'enfants, d'ennui, de blocs, de bois dangereux. TMLP confronte un homme à son passé, une réalité à une autre, et évite tout pathos grâce à l'absolue simplicité d'une écriture qui va droit au but.
A l'âge de 16 ans, Karl Rossmann est exilé en Amérique par ses parents pour avoir eu une liaison avec la cuisinière de la maison, à qui il a fait un enfant. Juste avant de débarquer, il reste sur le bateau afin de défendre, auprès du capitaine, la cause d'un soutier soi-disant victime d'une injustice. Cet incident lui permet d'être reconnu par son oncle, le sénateur Jacob, qui le prend sous sa protection et s'applique à faire son éducation.
Avec Faut faire le million, quatrième volet de son implacable autofiction Gilles Rochier rentre dans le dur. Dur comme l'époque qui nous transperce, agitée de précarité et de violence...
« On n'a plus les bras ni les jambes, ni même l'esprit pour imaginer du meilleur à venir, chaque question devient un angoisse. À force d'avoir la misère comme décor, ça déborde. On ne voit plus au delà, avec la trouille d'être dedans jusqu'au cou. On tente les vieux codes d'avant, on tente d'avoir des principes, des règles de vie pour tenir le terrain. Rien n'y fait ».
La condition de déclassé balaie tout. À subir tant les affres du temps que la crise économique, les relations amicales ou amoureuses tournent au tragique, les discussions entre potes virent rapidement à la confrontation. Chacun se barricade dans des illusions rassurantes. l'espoir de s'en sortir semble ne plus tenir qu'à une grille de loto ou un business foireux. Gilles n'y échappe pas. Tout l'énerve, tout le contrarie. la mort sordide d'un ami d'enfance est la mèche allumée de trop. il n'a plus l'âge d'une bonne dépression et entre dans une introspection comme on résoudrait une énigme, cherchant les mots à dire à son pote défunt. Pourquoi lui est toujours vivant et pas son ami. Entre déni, mythomanie, et prise de conscience de l'échec, ce nouveau volet de la vie des quartiers, point d'ancrage du travail auto-fictif de l'auteur, pointe sa mire avec lucidité et réalisme sur le monde urbain actuel et sur la génération X qui s'y noie.
Derrière chaque MOB, (mâle occidental blanc), c'est un homme qui se cache.
Alors qu'elle mène une nouvelle vie, loin de sa contrée natale et de ses racines, Camille reçoit la visite d'Hassan, un ami d'enfance devenu journaliste. Des retrouvailles amères qui font ressurgir un passé qu'elle avait chassé depuis longtemps. Hassan cherche à infiltrer la "Grande Battue", chasse exclusive menée une fois l'an dans les montagnes de leur région par les Blanchistes, un groupuscule d'influence néo-païenne et réputé proche de l'extrême-droite. il voudrait mettre au jour ce mouvement et son idéologie, persuadé depuis toujours que cette chasse cache les complots ou les exactions qui permettraient de les dissoudre. Camille, fille repentie d'un Blanchiste, pourrait l'aider dans sa mission. très froide, la jeune femme prend rapidement congé de son vieil ami : elle ne veut plus se pencher sur cette part de son histoire. Les hasards de la vie, avec la mort de son père, figure tutélaire de ce mouvement, se chargeront de brouiller ses plans et la feront replonger dans ce passé haï qu'elle avait fui enfant, grâce à sa mère.
Vie et survie dans la petite couronne.
Loin des gros titres anxiogènes des médias et des banlieues qui brûlent, selon certains politiques, si on allait écouter ceux qui y vivent ; suivre les traces de ces pères de famille, entre les courses, les gamins à conduire au sport et les déménagements nocturnes.
Ils ont bien grandi les gamins de TMLP (Ta mère la pute, paru en 2011), aujourd'hui ce sont les pères et les grands frères de la communauté. Et s'il y a toujours un crétin qui vend du shit dans le hall de l'immeuble, ils ont une solution pour lui pourrir le business. Ils sont plus démunis face à la BAC qui met les pinces aux jeunes chiens fous, et se contentent de serrer les poings de rage. Ils n'oublient pas qu'il y a plus important, comme payer la cantine des gosses. Les gamins sont maintenant des tontons presque assagis, ceux qui veillent que ça ne parte pas en vrille à la moindre connerie. Presque aussi surpris que nous, ils constatent que la garderie a remplacé la garde à vue dans leurs agendas. Le temps a passé sur toute une génération.
À la suite de TMLP (les années d'enfances) puis de Temps mort (2008, chronique de la chute sociale), Gilles Rochier replonge dans la chair de son milieu et brosse, avec La petite couronne, le portrait de sa génération, à l'aube de la cinquantaine, de l'expérience plein les poches - y a de la place - et toujours plus d'amour dans les yeux.
Une nouvelle édition de Temps mort vient accompagner la sortie de La petite couronne, son nouvel opus urbain.
Pour échapper à un quotidien morne, répétitif et qui l'accable, un auteur de bande dessinée part en quête d'aventures au Mexique, à l'invitation de Juan - un mystérieux poète espagnol croisé au festival du livre de Hambourg. Leur but : retrouver la tête de Pancho Villa.
Rien que ça. Des bruits courent sur la profanation de la tombe de Pancho Villa, le célèbre héros de la révolution mexicaine. Sa tête a disparu. C'est ce que Juan, obscur poète espagnol, révèle à Nicolas Moog, lors de leur rencontre au festival du livre de Hambourg. Accablé par son quotidien déprimant, l'auteur décide d'aller rejoindre le poète au Mexique et de partir avec lui sur la piste de la mystérieuse relique. Voilà comment une anodine chronique autobiographique se transforme en un périple épique où se croisent bandits mexicains, saouleries désabusées et remise en question métaphysique. Mais Juan est-il vraiment celui qu'il prétend être ?
Habitué des aller-retours en Amérique centrale, l'auteur et musicien Nicolas Moog débarque cette fois au Mexique, non plus pour des concerts et des rencontres avec la scène blues et folk du sud des États-Unis - comme à son habitude - mais animé par la volonté farouche de retrouver une relique chère à son coeur.
La Cendre et le Trognon suit le parcours de Pauline, Okesh et Sim, trois jeunes à l'orée de leur vie d'adulte. Chacun porte en lui le poids de son héritage social et familial. Chacun, à sa manière, fera avec ou tentera de s'en débarrasser. Au fil des aventures et des rencontres, ils se croisent et se construisent, se perdent et se retrouvent dans une ville tissée de réseaux ferroviaires fantômes, essayant de trouver leur place dans le monde d'aujourd'hui. La Cendre et le Trognon est un récit constellé d'éléments symboliques et ancré dans une réalité déshumanisante. Son jeune auteur, Gwenaël Manac'h, parle le langage vrai de la jeunesse vibrante, et dans une insolente virtuosité graphique, trace les lignes et les limites de la transmission culturelle et sociale entre les générations. Entre ce que nous choisissons d'être face aux autres, et ce que les autres nous apprennent de nous-même, quelque chose se dessine : Image de soi, reflet, rencontre de l'autre, autant de parties de ce que l'on devient. Relation amoureuse, poids du passé, rébellion active, entraves de la post-adolescence... Pauline, Okesh et Sim nous font vivre les troubles du monde de demain, l'espoir en horizon, la révolte sous-jacente et les interrogations salvatrices.
Agaric le Jeune, sculpteur royal fatigué, a bien du malheur. En effet, ce n'est pas lui qui se fait écraser par la monumentale idole qu'il vient de terminer, mais son assistant : signe qu'il n'est donc pas prêt à rejoindre les dieux... De plus, son énergumène de roi, visité par un rêve, exige de lui une tâche impossible : une nouvelle idole de pierre capable de flotter. Pour l'aider à accomplir sa tâche, le roi offre à Agaric un grand bloc de marbre, la promesse de finir ses jours écrasé par l'idole au terme de sa réalisation, cinq nouveaux assistants ainsi qu'une nouvelle épouse du nom de Calliopée...
Le récit, habillé de pied en cap d'un costume tragi-comique, parfois horrifique, évolue dans les décors envoûtants d'une Crète uchronique. L'ambiance graphique, doucement teintée de couleurs rétros, s'embellit encore d'une gestuelle proche du théâtre. La voie de Calliopée trace l'histoire d'un sculpteur perdu dans ses doutes, évoque la notion de pouvoir, celui du roi sur Agaric et celui d'Agaric sur ses apprentis. Mais c'est aussi et surtout l'histoire d'une femme, Calliopée, de velléités émancipatrices, de création, de liberté, d'envies, de vie. La voie de Calliopée est une réflexion sur l'art, son initiation et sa pratique, et ses exigences parfois absurdes. Il est traversé d'un regard distancié sur le monde du travail, proposé dans une version jusqu'au-boutiste et transposé dans le monde imaginaire d'une monarchie absolue, pour en faire saillir ses mécanismes les plus retors.
"C'était pas prévu que je perde mon boulot et puis c'est peut-être mieux comme ça.
Je vais avoir 40 piges, je vais ou, je vais faire quoi ?" Parallèlement à sa passion pour le dessin et la bande dessinée, Gilles Rochier avait un autre boulot - et des responsabilités -, stressant, qui l'occupait largement et à plus que plein temps. Pas de temps à consacrer à soi, à ses amis, peu à sa famille. Un jour, sa boîte coule... Plus rien a quoi se raccrocher, l'impression que le sol se dérobe... la depression l'engouffre. Heureusement la passion du dessin est là, il s'y raccroche, fait un break, le justifie auprès des autres par son "statut" de dessinateur, auprès de lui surtout. Il est urgent de faire un "temps mort". Réapprendre à vivre sans s'oublier dans douze heures de travail quotidien, partager le temps avec sa famille, retrouver les amis perdus. "Un tempo de vie ralenti par les médocs, j'attends que ça passe", car l'arrêt est brutal. Nous retrouvons dans sa prostration, l'auteur de TMLP (Ta mère la pute, 2011, Fauve révélation, Angoulême 2012) et de Tu sais ce qu'on raconte... (avec Daniel Casanave, 2017, ed. Warum)... faisant le point à l'aube de ses 40 ans, plus que jamais accro à la bande dessinée, issue quasi-rédemptrice à une vie qu'il avait oublié de vivre.
"Je racontre l'histoire de ma dépression, mon quartier, ma vie, les vieux copains. Cette vie qui m'entoure et que je ne voyais pas avant". L'observation est jouissive, l'attention aux autres chaleureuse mais corrosive et l'auteur ne s'épargne pas. Les rapports humains sont bruts, les conversations rapportées hilarantes ou tragiques, toujours précises. Temps mort, pépite autobiographique indispensable, fait aimer la vie.
Voici sa nouvelle édition, à l'occasion de la parution de La petite couronne, qui se situe 10 ans plus tard, dans la chronique de son quartier, même hall, mêmes heures, mêmes potes.
Dans un monde qui semble au bord du gouffre, deux frères, las de leur vie urbaine, décident de fuir la ville et de prendre la route. Après avoir volé une pelleteuse en guise de véhicule, ils vont sombrer dans une suite d'engrenages de plus en plus désastreux, se retrouvant mêlés à une histoire de vengeance dont ils deviennent le bras armé, contre un sadique tueur d'animaux. Dans une ambiance froide et suffocante, ce Road Movie violent et peuplé d'images hypnotisantes, la quête de liberté de nos deux anti-héros se transforme rapidement en une fuite inéluctable, loin de la civilisation.
On était une bande, égarée dans un quartier flambant neuf au début des années 70. Des terrains vagues, des bois, les routes pas encore finis d'être goudronnées. On faisait nos 400 coups. Il y avait les «plus grands» qui nous pourchassaient en mobylettes, pour nous en faire baver dans la forêt. On se chamaillait aussi avec les gamins des cités voisines. On se passait entre nous une compil K7 qu'on écoutait en boucle sur un gros poste. Il y a avait des lieux qui avaient une aura de mystère, comme ce trou d'eau noire, dont on disait qu'il avait été formé par un avion venu se crasher. Il y avait aussi cet arrêt de bus qui nous terrifiait : la journée c'était notre point de départ vers le monde, vers Paris, mais le soir, surtout les derniers jours du mois, aucun d'entre nous n'y aurait jamais mis les pieds. La misère pousse à bien des extrémités et la rumeur voulait que pour boucler les fins de mois trop courtes, certaines femmes de la cité y passaient le soir... «Ta mère la pute», faut pas croire, c'est pas sorti de nulle part comme expression. Et puis il y a eu cette histoire avec la K7... et là, ça c'est mal passé.
Entre une Sphinge dévoreuse de héros, un garçon valeureux, parricide malgré lui, un inceste consommé et fertile, et la guerre fratricide que se livrent les Labdacides, l'antique cité grecque de Thèbes est le théâtre d'une tragédie et de drames dont une jeune fille semble vouloir sa part. La vie d'Antigone est-elle prédestinée à une telle fatalité ?
Alors que le sang des Labdacides, de la lignée du grand-père d'oedipe, Labdacos, n'a de cesse de se répandre, Antigone, envers et contre tous, décide de ce qui est sa loi. Histoire de l'émancipation d'une femme, Fille d'oedipe cherche à interroger sur le sens du sacrifice. Éduquée à tenir son rang et sa place, Antigone se rebelle. Elle refuse la loi du tyran Créon et s'accroche jusqu'aux portes du tombeau à son orgueil. Dans quelle mesure ce chemin n'est-il pas justement celui qui était attendu par tous ? La place qui lui était socialement assignée (le pratico-inerte oedipien) ne porte t-elle pas en elle les germes du destin tragique d'Antigone ? Devenir sainte ou martyre, voilà ce que son père lui a laissé comme héritage. Comment se défaire d'un tel poids ?
Récit féministe sur la liberté individuelle et le rejet de toute ingérence patriarcale, Antigone nous pose deux questions essentielles : la sororité, solidarité entre les femmes, est-elle une réponse globale possible à la domination masculine ? Et la Justice des Hommes existe-t-elle vraiment ?