L'adaptation cinématographique des textes littéraires est souvent envisagée dans une perspective défensive ou protectionniste dans une culture où la littérature a longtemps exercé son hégémonie : transposition ou adaptation en costume, le spectateur se prononce volontiers sur le respect du texte d'origine, et sur la conformité de la vision du cinéaste avec sa propre vision.
Nous souhaiterions proposer ici une nouvelle approche de l'adaptation cinématographique : considérant que le cinéma est un art distinct de la littérature, nous partirons de l'hypothèse que texte et film, quand même ils portent le même nom, n'appartiennent pas à la même espèce - et ne peuvent en conséquence faire l'objet d'une simple comparaison.
Après avoir examiné les critères d'évaluation traditionnels de l'adaptation (la fidélité, l'esprit et la lettre, la construction narrative, le traitement des dialogues, la voix off, etc.), on essaiera de déplacer les lignes de confrontation pour montrer comment le cinéma, au lieu d'illustrer simplement les textes littéraires, du fait même qu'il est un moyen d'expression autonome, propose nécessairement une pensée de la littérature.
NB : divisée en 6 chapitres, cette réflexion prend appui sur des cas particuliers, qui font l'objet d'illustrations (photogrammes extraits des films).